Musique

Au Hellfest 2024, partie 2

Compétition internationale de MMA (Mixed Metal Art)

Par Kendra, Branwenn et Eiffel

... Till dusk

Effectivement, dès que le soleil décroît, la magie opère : l’indéfinissable est révélé. Les fameux détails que nous avions évoqués plus haut s’illuminent de couleurs qui varient au gré des lueurs. Des lances flammes crachent le feu dans toutes les directions, sur toutes les structures. Les formes disparaissent, se recombinent, le souffle des flammes vous frappe au visage, un nouveau monde se dessine. Aux heures sombres, le scarabée disparait dans la pénombre, sous les lumières pourpres ou violacées, il prend vie, entouré de panneaux qui subliment des motifs de décoration par rétro éclairage. En face, les trois bars crachent du feu de concert, l’ensemble se réverbérant sur le crâne au sortir de la cathédrale. L’arbre du HELLFEST se découpe entre ces deux sources lumineuses. Le sol est marbré par les éclairages et le Sanctuary (lieu officiel du Merch du Hellfest) s’illumine à son tour, plus sobrement. En son sommet, les yeux d’un démon luisent d’un rouge inquiétant, surplombant la foule de metalleux en liesse : une scène infernale digne des représentations de Jérôme Bosch. Au milieu de toute cette débauche visuelle, l’effet est saisissant, hypnotisant.

L’effet est le même dans la zone des Mainstages. La boule qui surplombe le bar se met elle aussi à vomir des flammes. Son aspect varie constamment à l’aide d’un jeu de lumière projeté. Ici, comme sur les autres scènes, même la régie est en dur et participe au décorum. Les mats qui parsèment la zone sont autant de sceptres qui s’animent au coucher du soleil.
En quittant ce passage obligé du festival, qui attire autant les metalleux que les groupes (après un premier passage à Clisson, il ne semble plus très dur des convaincre les artistes de fouler le sol du Hellfest à nouveau, à l’instar de Metallica cette année), vous passerez forcément devant deux immenses porches qui servent à rafraichir les festivaliers. En période de canicule, c’est le passage obligé, une source de bien être absolu. Pendant la journée, le flux de l’eau n’attire pas nécessairement l’attention. De nuit, les gouttes dessinent des messages, le logo du Hellfest. Elles reflètent la lumière des éclairages, et ce lieu prend également une autre dimension. A ses côté, l’horloge laisse luire ses numéros au-dessus d’un panier à roquettes servant de balancier. Lorsque les aiguilles passent à 23h58, nous nous attendons presque à entendre surgir un célèbre titre d’IRON MAIDEN !

Plus haut, la gardienne des Enfers capte toutes les attentions. Il est dur de lui imaginer une autre place sur le site, mais elle vient presque masquer la Cène qui s’illumine. C’est regrettable car l’illumination de celle-ci, au-dessus de ses piliers, lui donne des allures de Torii, qui matérialise l’entrée du sanctuaire Kingdom of Muscadet. Le petit bois prend alors des allures de monde onirique, l’on distinguerait presque le dieu Pan jouer quelques airs de flûte dans les buissons. Nous le traversons finalement comme flottant au milieu d’autres esprits Metal, de l’autre côté du miroir ! Le message est clair : Follow the white rabbit !

Et en parlant de blanc, la sortie du Kingdom of Muscadet mène le pèlerin tout droit au… bar à muscadet. Car on ne peut parler de grand-messe sans évoquer le vin ! Le lieu est aussi là comme un rappel aux vignes qui poussaient jadis à cet endroit, ou sous le parking ouest. Au côté du bar se dresse un espace de repos, sous une ossature métallique. L’édifice reste sobre la nuit. L’ensemble forme un passage vers l’esplanade de la warzone et la statue de Lemy. A la nuit tombée, les grandes barres qui bordent l’effigie prennent tout leur sens. Elles définissent un crayonné, transformant l’œuvre en esquisse.

La nuit, la warzone garde la même âme que le jour. Les miradors sont l’élément principal du décor, difficile dès lors de modifier en profondeur la configuration du lieu. Le spectacle n’en est pas moins appréciable. Ici tout participe à magnifier encore plus le spectacle. La valley, située juste derrière, commence également sa mue. Nul doute que d’ici quelques années elle aura rattrapé la Warzone.

A cette heure, peut-être vous ferez vous la réflexion qu’il est temps de ramener un souvenir de cette journée ! Direction Camden street et le Market Place ! Le lieu est comme une grande rue. Exit les déambulations de la journée dans une artère commerçante Metal, soyez les bienvenus aux Champs Elysée du Hellfest. Mélangeant la mythologie et la célèbre avenue, le lieu permet d’errer (relativement) tranquillement, de goûter un peu de repos pour tous les vertueux effectuant leur pèlerinage annuel. C’est aussi le passage obligé entre le camping et la zone principale des concerts. Les façades bigarrées de la journée s’éclairent pour guider le chaland dans cette sorte d’éther. Serait-ce la lumière au bout du couloir ?
Une extrémité de ce passage nous ramène à la cathédrale. De jour, celle-ci est imposante sans se distinguer de l’ensemble. De nuit, les lumières lui donnent sa majesté. Les bannières qui y mènent apportent une sensation de procession, les vitraux de nos Grands Anciens prennent toute leur beauté. A l’inverse des ornements des édifices religieux, la nuit les révèle.

Aux arts sonores et vibratoires se mêlent les arts de la ferronnerie, du spectacle vivant, la science des jeux de lumières et des clins d’œil artistiques en tous genres. Le tout forme un ensemble homogène qui vous plonge dans le sous-titre de notre article, un polygone de MMA (Mixed Metal Art). C’est une expérience unique, fédératrice. Tel un combattant vous serez projetés furieusement dans tous les coins et recoins du site, vos taux d’adrénaline et d’endomorphine vont monter en flèche ! Vous pourriez être parfois sonnés, vous pourriez être parfois boostés, vous pourriez en sortir troublés et parfois même bouleversés. Vous ne pourrez jamais être déçus !
Et plus qu’un festival, au terme de ces quatre jours de folies, le site se transforme en un immense MAM (Musée d’Art Moderne) à ciel ouvert pour le reste de l’année. C’est là le pari réussi de l’équipe, qui valorise un site exceptionnel, travaille avec la mairie et génère des retours financiers et une renommée mondiale sans pareille. Nous avons vu dans la foule des sweats shirts de tournée de Metallica. Au milieu des villes annoncées, toutes des capitales culturelles et/ou administratives, toutes des mégapoles de plusieurs millions d’habitants, un nom se détache : CLISSON. La municipalité d’une petite ville du centre Finistère (les deux ont 7000 habitants environ…) devrait s’en inspirer plutôt que de souffler le chaud et le froid sur l’équipe des VIEILLES CHARRUES (une association, à l’instar du HELLFEST).
Durant toute l’année et plus spécifiquement fin juin, le site vous accueille pour une expérience inoubliable : bienvenue à INFERNOPOLIS !

Les artistes, les créateurs du HELLFEST :
  La compagnie Monic la mouche, (https://www.moniclamouche.com/)
  Jimmix (et Tonitorfer),
  Madneom, (http://www.madneom.com/)
  Jean François BUISSON etc