Musique

Au Hellfest 2024 : partie 1

Compétition internationale de MMA (Mixed Metal Art)

Par Kendra, Branwenn et Eiffel

From dawn...

Le Hellfest a de nouveau ouvert ses portes, édition XVII, cru 2024, ou « Welcome to Infernopolis ». C’est comme vous préférerez, l’important n’est pas là.
Comme tous les ans, c’est les yeux ébahis que nous découvrons le site du Hellfest. Le premier jour, outre la programmation chargée, toutes les têtes sont levées pour découvrir les nouveautés exposées, de nouveaux éléments qui viennent enrichir le site. Exposées est le terme adéquat, puisqu’au-delà d’une programmation musicale démente, les festivaliers évoluent dans un musée à ciel ouvert. Cette année, c’est sur cette particularité que nous souhaitions nous arrêter, car elle est unique, elle est l’une des composantes de l’âme du festival.

Mais avant de parler arts décoratifs, il convient de se rappeler qu’avant toute chose, le Hellfest est consacré à la musique. Et donc d’y consacrer à minima un ou deux paragraphes. Il eut été injuste, eu égard à la programmation, de passer outre, ce qui est tout de même le cœur d’un festival musical ! Surtout que de nombreuses choses peuvent être dites, discourues, prêter à polémique, ouvrir les supputations pour les années à venir. A-t-on vécu cette fameuse édition charnière ? Etait-il opportun de programmer les FOO FIGHTERS et SHAKA PONK ? Verra-t-on MUSE à l’avenir ? Les débats sont ouverts, d’autres se sont d’ores et déjà emparé de ce sujet. Nous avons tout de même notre avis : les organisateurs ont su créer une machine unique, mais chaque année apporte son lot de déçus (pas nous !). C’est le lot de toute manifestation et rester immobile et conservateur serait la plus grande erreur. Ce qui ne bouge plus est déjà mort ! Nous leur faisons largement confiance pour la suite, surtout que si un concert ne vous plait pas sur une Mainstage, les quatre autres scènes restent spécialisées et offrent également des affiches démentes et ultra pointues.
Les dinosaures du Metal ne s’y trompent d’ailleurs pas. C’est Metallica qui a demandé à revenir au Hellfest cette année ! Et le moins qu’on puisse dire est qu’ils ont eu du mal quitter la scène ! Machine Head ne fréquente presque plus les festivals, aussi les voir en France est assez compliqué. Pourtant ils viennent au Hellfest ! Et ainsi de suite pour Megadeth, Queens Of The Stone Age, Bruce Dickinson etc.
Nos deux mentions spéciales de cette année vont à la programmation de SAVAGE LANDS et au spectacle qu’ils nous ont offert (suivez le lien : https://savagelands.org/fr/), et au concert inoubliable de Suicidal Tendencies ! Le fils de Robert TRUJILLO (bassiste de Metallica depuis plus de 20 ans, ancien bassiste de Suicidal) a pris la relève de son père, le moins que l’on puisse dire est qu’il assure ! Le groupe a rempli la scène de spectateur, pour mettre un joli foutoir dans la WARZONE (à voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=EPgAxGD_Yns).

Mais revenons-en au fil conducteur de cette année, voulez-vous ? Le Hellfest est devenu depuis déjà de longues années un alliage de différents types de Metaux aux capacités exceptionnelles. Les alchimistes de CLISSON ont su mélanger le Metal sonore, auditif, celui qui fait vibrer l’air et accessoirement vos tripes, au métal chimique, celui des atomes issus du tableau de Mendeleïev. Pour fondre et fusionner l’ensemble, en faire un tout cohérent, il a fallu lui associer un élément : le feu. Ce feu forge un ensemble unique, magique et envoûtant.
Ce décor est presque vivant. En tout cas il est pensé comme tel. Il est conçu et construit principalement autour de containeurs pour les plus grosses structures, les habillages sont généralement en panneaux métalliques ajourés laissant apparaitre des motifs variés.

De jour, ces motifs passent inaperçu, vous n’y prêteriez pas attention. C’est un ensemble macroscopique qui s’impose, une impression générale d’infrastructures couleur rouille, truffées de grands détails comme ce scarabée mutant (alienoïde ?) suspendu au-dessus de l’espace cashless devant les scènes Altar et Temple.

Ce sont ces immenses barrières pleines hautes de trois mètres, avec leurs miradors intercalés, ou leurs poteaux métalliques. C’est encore l’immense horloge ou le bar central orné d’une boule intrigante. Un monde à la Mad Max : post apocalyptique, comme si le temps avait fait son œuvre sur d’anciennes structures appartenant à une civilisation aujourd’hui oublié. Arrivés dans cet espace, vous pouvez vous prendre le temps pour admirer une œuvre délicate. Ce sont généralement des variations autour d’un crâne ou d’un squelette, avec des matières et des couleurs différentes, qui scintillent au soleil, qui reflètent le paysage. Ou encore cette reconstitution de la Cène qui surplombe les piliers d’entrée du Kindom of Muscadet.

Le Kingdom Of Muscadet est une sorte d’antichambre des différentes scènes. C’est un lieu central du festival qui rayonne vers tous les spots importants. Le centre de la toile est une zone ombragée où l’on vient s’assoir à même le sol et se reposer, se restaurer. Sous la canopée, vous pourrez vous asseoir au pied de menhirs métalliques, dans une zone préservée de l’agitation du reste du site.
Et la porte principale de ce havre de paix (relative) est protégée par l’attraction de l’année : LA GARDIENNE DES TENEBRES !

La gardienne est la création de cette année. Commandée à la célèbre Compagnie des Machines, sise à Nantes, cette chimère a enrichi le festival durant quatre jours. Elle est appelée à devenir l’attraction principale d’un lieu permanent qui devrait ouvrir ses portes en 2025. Le site reçoit en effet la visite annuelle de 150 000 personnes pour profiter de ce musée gratuit à ciel ouvert. L’opportunité d’avoir des retombées supplémentaires pour la ville et le festival est donc réelle. Délicate mais imposante, tout en articulations métalliques et en parties finement sculptée, la Gardienne n’a sans doute pas offert tout son potentiel durant les festivités. Il est presque impossible de la laisser se déplacer à l’endroit où elle veille. Pourtant elle a attiré beaucoup de festivaliers. Le décalage entre ses mouvements imposants, lents mais aériens, et l’agitation permanente, le grouillement ininterrompu du festival, apporte un contraste saisissant. Les spectateurs trouvent une zone ou se poser, prendre le temps de souffler, de respirer. La gardienne veille au repos de ses fidèles, leur apporte un moment de sérénité avant qu’ils ne retournent au combat !
La WARZONE et une scène mythique du festival, elle est spécialisée dans le Hardcore et le Punk. Elle était, il y a dix ans, la partie « délaissée », le parent pauvre du festival. Enclavée, elle formait une nasse au goulot étroit. Une prestation survoltée de Body Count aurait pu y virer au carnage, c’était en 2015. L’équipe du festival a réagi, la zone a concentré beaucoup d’investissements, le festival a acquis des champs adjacents pour donner aujourd’hui un lieu à ciel ouvert, une sorte de théâtre antique revisité. Et cette zone abrite aujourd’hui deux sculptures iconiques du festival : la statue de Lemy KILLMISTER et la hache suspendue au-dessus de l’entrée principale.

Mais avant de rentrer sur le site des concerts, celui qui sera le plus impressionnant, vous devrez passer par le Hell city square, la reproduction de Camden Street, avec sa fontaine habitée par des corbeaux d’acier, ses boutiques traversées de missiles ou servant de perchoir à un King Kong Metalleux ! Les détails ici ne sont pas spécialement gravés dans les structures, ce sont des affiches personnalisées qui racontent l’histoire réelle ou imaginée du lieu, sorte de fantasmagorie, des noms ou des devantures d’échoppes aux motifs et thèmes originaux, et un brouhaha incessant grouillant de vie, un va et vient qui créé cette ambiance particulière de rue commerçante. De ce lieu central, vous pourrez soit accéder au camping via le Metal corner (mais ce lieu n’apporte pas grand-chose à notre thème), soit bifurquer vers la célèbre cathédrale. De jour, c’est une grande allée qui canalise à un passage construit sous un immense échafaudage. Cette allée est bordée (un peu moins cette année) de portraits de nos Grands Anciens, des disparus du Metal aujourd’hui vénérés. Certains de ces Grands Anciens appartiennent au funeste club des 27 et resteront donc paradoxalement éternellement jeunes… Notre petit regret est de ne plus y retrouver le trône qui y avait sa place il y a quelques années. Presque sorti de Game Of Thrones, surmonté d’un corbeau du plus bel effet, il offrait l’occasion de faire une magnifique photo avec la cathédrale en toile de fond.

Un autre plaisir pour les vieux festivaliers, sortes de Grands Anciens du HELLFEST, rencontrer avant la tombée de la nuit un nouvel affranchi dont la métamorphose n’est pas encore achevée et recueillir ses premières impressions à chaud. Ces échanges ont généralement lieu à l’heure du repas, au Food Corner ou au Metal Corner. C’est aussi une sorte de jalousie car pour ce primo Hellfesteur, la magie n’a pas encore fait son œuvre ! A la lueur de ses yeux, on devine déjà l’émerveillement, on se hâte de lui confier que le plus beau reste à venir… Sans s’en douter une seule seconde, le newby va faire une expérience inédite : faire la découverte du Hellfest by night pour la première fois.
Et nous allons vous conter cette mutation dans la seconde partie de l’article !