Musique

Aldebert est passé de l’autre côté du miroir...

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David FINCHER a brillamment mis en scène le trouble dissociatif de l’identité dans un de ses nombreux chefs d’œuvres, Fight Club. Si le film est jouissif et permet au spectateur de s’immerger dans la peau du narrateur, son dénouement nous surprend et nous laisse face à un abime : où est la réalité ? Comment se rendre compte que l’histoire, que la vie que nous venons de vivre n’est pas qu’une illusion ?

David FINCHER a brillamment mis en scène le trouble dissociatif de l’identité dans un de ses nombreux chefs d’œuvres, Fight Club. Si le film est jouissif et permet au spectateur de s’immerger dans la peau du narrateur, son dénouement nous surprend et nous laisse face à un abime : où est la réalité ? Comment se rendre compte que l’histoire, que la vie que nous venons de vivre n’est pas qu’une illusion ?
Ce questionnement, certains scientifiques et certains auteurs de Science-Fiction se l’approprie en ce moment pour essayer de savoir si nous vivons dans une simulation. Et au final, ou au commencement peut être, un certain René DESCARTES en est arrivé à la conclusion que la seule chose qui soit certaine est que J’existe, le reste est sujet à débat.
Mais comment expliquer tout cela à mes enfants ? Par où commencer ? Voir le film, certes, mais pas avant d’en avoir expliqué les concepts, et tout ça sans en divulgâcher la fin ? Compliqué…
Et pourtant, derrière ces concepts se trouvent beaucoup de chose à leur enseigner : mettre en doute ses certitudes, ce faisant rester à l’écoute de la parole d’autrui, relativiser ses envies, ses doutes, prendre son mal en patience. Se remettre en question souvent. Toujours en fait. Se méfier de la société qui nous entoure, de ses injonctions. Resserrer les liens avec nos proches, construire et entretenir notre cellule familiale pour traverser les écueils de la vie qu’on nous réserve.
Étonnamment, c’est un « chanteur pour enfant » qui résout la migraine énoncée ci-dessus. Aldebert a créé son jumeau maléfique, son double Metallique, son Tyler DURDEN. En refusant dès ses débuts de prendre les enfants pour des bas du front il a fait évoluer cette fameuse « chanson pour enfant ». Aldebert met les pieds dans le plat. Même effacé par son double maléfique, sa plume continue à guider les plus jeunes. Derrière la pédagogie et l’humour, derrière des rythmiques et des mélodies entêtantes, Guillaume Aldebert délivre intelligemment des messages qui manquent pour le moins dans la société actuelle. Et tout le monde en prend pour son grade !
Dans « La marche du monde », Helldebert instaure un dialogue, joue du décalage entre la naïveté et les rêves de l’enfance et la résignation de générations qui ont pris l’habitude de courber l’échine. Cette chanson a plusieurs grilles de lecture. En rassurant les enfants sur la justesse de leurs questionnements, elle nous interroge aussi sur notre degré de résignation. Pour l’aider, Guillaume s’est entouré de Serj TANKIAN et d’Amélie NOTHOMB. C’est efficace à tout point de vue. C’est juste dommage de ne pas avoir joué cette chanson à QUIMPER le 3 novembre dernier.
Le reste de l’album est à l’avenant. Les textes s’adressent principalement à des enfants, mais avec des mots qui leurs sont rarement consacrés. L’auteur ne prends pas prétexte de l’âge de son public pour l’infantiliser, bien au contraire il le tire vers le haut. C’est toute la différence entre un éducateur pertinent et les Télétubbies !
Par exemple avec « L’apprentie sorcière » ou avec « la sorcière », Helldebert aborde la condition féminine, la place de la femme dans la société. Et pour parler de tout ça, Helldebert a invité Lola FRICHET, bassiste de Pogo Car Crash Contrôle, mais aussi et surtout ici fondatrice du mouvement « More women on stage ».
Cet album aborde encore une multitude de sujets de société, le harcèlement (le cartel des cartables), l’injonction à rentrer dans des moules (rock’n roll), le rythme de la vie moderne et le temps que l’on consacre à sa famille (le temps de vivre) ou encore une ode à la famille (ça vaut des points).
Pour mettre toutes ces idées en musique, Aldebert a choisi sur cet album de faire un retour en enfance tout en réveillant le Metalleux qui sommeillait en lui depuis toujours, sorte de Mister Hyde. Et ça marche ! Le son est gros, la batterie affutée et les riffs acérés juste ce qu’il faut pour attirer sans choquer des spectateurs pas forcément au fait des us et coutumes du Metal. Au culot, il est parti démarcher des stars internationales. C’est ainsi que l’on retrouve sur cet album Serj TANKIAN (system of a down), Johan HEGG (Amon Amarth) ou encore Max CAVALERA et son fils Igor Amadeus. L’occasion pour un public pas toujours metalleux de s’initier au growl ou au scream ! Et la scène nationale n’est pas en reste. Quasiment tous les poids lourds en sont. Steph BURIEZ (Loudblast), Fetus (Ultra Vomit), Mouss et Yann de Mass Hysteria entre autres ont apporté leurs touches à cet album. Mais ne vous y trompez pas ! Derrière cette myriade d’invités prestigieux, le vrai héro, le seul et unique chef d’orchestre, c’est Helldebert ! Et sur scène, pour initier au Metal une génération qui n’y est pas forcément habitée, c’est tout en douceur que l’artiste procède. Intelligemment. Subtilement. C’est d’ailleurs tellement bien fait que le Hellfest a accordé sa confiance à Aldebert pour créer un Hellfest kid en 2024, et que le Motocultor l’a programmé en 2025.
Si l’on veut changer le monde, c’est à nos enfants qu’il faut en donner l’envie, ce sont eux qu’il faut éduquer ! Des artistes comme Aldebert s’y attèlent avec brio en sensibilisant la jeune génération dès à présent aux injustices, aux maux de notre société. Pour cela Aldebert devrait être reconnu et remboursé par la CPAM. Mais gageons qu’au lieu de cela, lors de la dévoyée remise des légions d’honneur de début d’année, ce seront encore Michel SARDOU (sans commentaire…), Jean François COPE (un bien bel exemple de réinsertion pour un condamné…) ou encore Thierry ARDISON (nettoyeur de cerveau émérite s’il en est) qui seront à l’honneur…
Il est encore temps de lancer une pétition pour décorer HELLDEBERT !
Et pour écouter l’interview réalisée par les Petits Metalleux, c’est ici :

Aldebert est passé de l’autre côté du miroir...
10min51s

Par le collectif des Petits Metalleux